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gestion patrimoine sci familiale
Guide
Mis à jour le 25/08/2025 8 min
Auteur : Julie Barthoulat - Rédactrice

Pourquoi choisir une SCI familiale pour gérer votre patrimoine ?

Constituée entre membres d’une même famille, la SCI familiale séduit de plus en plus de particuliers souhaitant transmettre un bien immobilier dans les meilleures conditions. Souplesse de gestion, optimisation fiscale, anticipation de la succession… Les atouts sont nombreux, mais cette solution comporte aussi des limites qu’il vaut mieux connaître avant de se lancer.

Résumé de cet article :

  • La SCI familiale facilite la transmission du patrimoine en limitant les conflits d’indivision.
  • Elle permet une donation progressive, fiscalement avantageuse, des parts sociales.
  • Elle offre une souplesse de gestion et de contrôle via les statuts.
  • Elle ne permet pas de louer en meublé ou de bénéficier de certains prêts aidés.
  • Elle implique des formalités et une gestion annuelle (déclaration 2072, Assemblées Générales…).

Quels sont les avantages et inconvénients d'une SCI familiale ?

Avant de vous lancer, mieux vaut peser le pour et le contre. Voici un aperçu clair des principaux avantages et limites d’une SCI familiale :

AvantagesInconvénients
Transmission facilitée et fiscalement optimiséeIncompatibilité avec la location meublée
Possibilité de donation progressive avec abattement tous les 15 ansPrêt à taux zéro (PTZ) inaccessible
Gestion centralisée et soupleCréation formelle et obligations déclaratives (déclaration 2072 SCI familiale)
Démembrement possible (usufruit/nue-propriété) pour garder le contrôleImposition potentiellement lourde si soumise à l’IS
Bail locatif de 3 ans possible (contre 6 ans pour une société civile immobilière)Certains travaux ne peuvent être subventionnés via des aides publiques

Qu’est-ce qu’une SCI familiale ?

La SCI familiale est une société civile immobilière classique, mais dont tous les associés sont issus d’une même famille, jusqu’au 4ᵉ degré inclus (parents, enfants, petits-enfants, frères et sœurs, oncles, tantes, cousins germains…).

Cette forme particulière permet donc de restreindre l’accès au capital à un cercle strictement familial.

Si un tiers (non-parent) intègre la société, même de façon minoritaire, la SCI perd automatiquement son caractère familial.

Bon à savoir :

Les tribunaux ont jugé qu’un couple de concubins ne constitue pas une "famille" au sens légal de la SCI familiale. Pour rester dans le cadre juridique, mieux vaut officialiser l’union (PACS ou mariage) si vous souhaitez créer une SCI à deux.

Pourquoi créer une SCI familiale ? Avantages clés

Créer une SCI familiale présente de nombreux atouts pour anticiper une succession, transmettre son patrimoine dans un cadre sécurisé ou encore faciliter la gestion de biens immobiliers.

1. Mieux anticiper la succession

La SCI familiale facilite la transmission de votre patrimoine immobilier, en permettant de céder des parts sociales plutôt que des quotes-parts d’un bien indivis. Vous évitez ainsi les conflits liés à l’indivision et les blocages en cas de désaccord entre héritiers.

Grâce aux statuts, vous pouvez organiser les règles de sortie du capital, prévoir l’agrément en cas de cession de parts, ou fixer une majorité pour vendre un bien détenu par la SCI.

2. Alléger la fiscalité sur les donations

Créer une SCI permet de transmettre progressivement vos biens, en profitant des abattements fiscaux tous les 15 ans (100 000 € par parent et par enfant, 31 865 € par petit-enfant). Cette donation peut être organisée en plusieurs étapes, ce qui permet de transmettre un patrimoine conséquent sans droits de donation excessifs.

De plus, les parts sociales peuvent être démembrées : vous cédez la nue-propriété (sans les revenus) tout en gardant l’usufruit, c’est-à-dire la jouissance des loyers. Cette stratégie permet d’optimiser la valeur fiscale transmise et de conserver un pouvoir de gestion.

Bon à savoir :

En cas d’emprunt immobilier en cours, les droits de donation sont calculés sur la valeur nette des parts. Par exemple, si la SCI détient un bien de 100 000 € financé par un prêt de 80 000 €, la valeur transmise est estimée à 20 000 €, ce qui réduit mécaniquement les droits de mutation.

3. Garder la main sur le bien tout en le transmettant

L’un des intérêts majeurs de la SCI familiale est de permettre au donateur de rester gérant de la société, même s’il a transmis une partie (ou la totalité) des parts à ses enfants ou petits-enfants. Cette disposition, à prévoir dans les statuts, garantit au fondateur de conserver la maîtrise des décisions, tout en anticipant sa succession.

C’est un excellent moyen de préparer l’avenir sans se déposséder complétement ni perdre l’usage ou les revenus du bien immobilier.

4. Simplifier la gestion locative

Contrairement aux autres SCI, la SCI familiale bénéficie du statut de bailleur particulier. Cela permet notamment de conclure des baux d’habitation de 3 ans (au lieu de 6 ans pour une SCI classique), et de reprendre le bien plus facilement à l’échéance du bail pour loger un membre de la famille.

5. Optimiser sa fiscalité

Par défaut, la SCI est soumise à l’impôt sur le revenu (IR) : chaque associé déclare les résultats (bénéfices ou déficits) au prorata de ses parts dans sa propre déclaration. Ce régime est souvent avantageux, notamment en cas de revenus faibles ou si le bien ne dégage pas de revenus importants.

Mais la SCI peut aussi opter pour l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui peut être fiscalement intéressant si vous souhaitez amortir le bien et réinvestir les bénéfices dans la société.

Quels sont les inconvénients d'une SCI familiale ?

Avant de créer une SCI familiale, mieux vaut bien comprendre ses limites. Cette structure ne convient pas à tous les projets immobiliers, notamment à usage personnel ou commercial.

Incompatibilité avec la location meublée

L’activité de location meublée étant de nature commerciale, elle est incompatible avec le statut civil d’une SCI. Une SCI qui exerce une activité commerciale de manière habituelle peut être requalifiée et imposée différemment.

Inéligibilité à certaines aides ou dispositifs

  • La SCI étant une société, elle ne peut pas bénéficier du prêt à taux zéro (PTZ), même si le bien est destiné à la résidence principale d’un associé.
  • Certaines aides publiques, comme celles de l’Anah, sont plus difficiles à mobiliser.

Formalités et fiscalité

  • La SCI familiale doit déposer chaque année une déclaration 2072 SCI (si elle est soumise à l’IR).
  • En cas de soumission à l’IS, la gestion comptable devient plus complexe et nécessite souvent l’intervention d’un expert-comptable.

Quels sont les frais et coûts d’une SCI familiale ?

Créer et gérer une SCI familiale entraîne plusieurs types de frais, à la création comme chaque année :

Frais de création

  • Rédaction des statuts : entre 0 € (si vous le faites vous-même) et 1 000 € à 1 500 € via un notaire ou un avocat.
  • Publication dans un journal d’annonces légales (JAL) : environ 150 à 200 €.
  • Immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) : environ 70 €.
  • Frais bancaires : ouverture de compte et dépôt du capital (souvent à partir de 1 €), éventuellement payant selon la banque.
Bon à savoir :

En cas d’apport immobilier, il faudra régler des frais de notaire pour l’acte de cession ou d’apport, qui peuvent représenter entre 5 % et 8 % de la valeur du bien.

Frais de fonctionnement annuels

  • Déclaration 2072 (si soumise à l’IR) : gratuite si vous la faites vous-même, mais elle peut nécessiter un expert-comptable selon la complexité.
  • Comptabilité (obligatoire en cas d’option pour l’IS) : environ 800 à 1 500 € par an si vous passez par un professionnel.
  • Assurances, frais bancaires et autres frais de gestion courante.

Ces coûts doivent être anticipés dans votre projet : bien que modérés, ils justifient à eux seuls de bien définir vos objectifs avant de créer une SCI familiale (transmission, location, gestion partagée…).

Modèle de budget annuel d’une SCI familiale

Poste de dépenseCoût estimatif
Rédaction des statuts (professionnel)1000 € à 1 500 €
Publication dans un JAL150 € à 200 €
Immatriculation RCS70 €
Comptabilité (si IS)800 € à 1 500 €/an
Déclaration 2072 (si IR, avec expert-comptable)200 € à 400 €/an (facultatif)
Frais bancaires annuels50 € à 150 €
Frais notariés (si apport immobilier)5 à 8 % de la valeur du bien
Bon à savoir :

Ces montants sont indicatifs et peuvent varier selon les prestataires et la complexité du projet. N’hésitez pas à demander plusieurs devis avant de vous lancer.

Comment créer une SCI familiale ?

Vous souhaitez vous lancer ? Voici les principales étapes pour créer votre SCI familiale.

La création d’une SCI nécessite un minimum de formalités juridiques, que vous pouvez accomplir seul ou avec l’aide d’un professionnel (notaire ou avocat). Il est essentiel d’anticiper certains points dans les statuts (cession des parts, décès, départ d’un associé…).

Étapes de création

  1. Rédaction des statuts : c’est l’acte fondateur de la SCI. Il doit définir l’objet social, les apports, la répartition des parts, les règles de gestion, de cession, etc.
  2. Ouverture d’un compte bancaire au nom de la SCI pour déposer le capital.
  3. Publication d’un avis de constitution dans un journal d’annonces légales (JAL).
  4. Immatriculation en ligne via le Guichet unique.

Avant d’acheter un bien via la SCI, il est utile de faire une simulation de taux de crédit immobilier afin d’évaluer la faisabilité financière du projet.

Pièces à fournir

  • Statuts datés et signés
  • Déclaration des bénéficiaires effectifs
  • Déclaration de non-condamnation du gérant
  • Justificatifs d’identité du gérant
  • Attestation de filiation
  • Acte de nomination du gérant
  • Justificatif du siège social
  • Attestation de parution dans le JAL
  • Certificat de dépôt des fonds (en cas d’apport en numéraire)

SCI familiale et succession : comment ça se passe ?

La transmission du patrimoine est au cœur de l’intérêt d’une SCI familiale. En cas de décès d’un associé, ce ne sont pas des biens immobiliers qui sont transmis, mais des parts sociales, ce qui simplifie les démarches successorales.

Chaque héritier devient associé à hauteur des parts reçues. Les statuts peuvent prévoir des modalités spécifiques d’agrément, de rachat ou de gestion du pouvoir de vote pour maintenir l’équilibre au sein de la famille.

Côté fiscalité, les droits de succession sont calculés sur la valeur des parts sociales, après déduction éventuelle des dettes (ex. : crédit immobilier en cours) et application des abattements fiscaux en vigueur selon le lien de parenté.

SCI familiale : quel régime fiscal ?

Le choix du régime fiscal doit être mûrement réfléchi selon les revenus des associés et l’objectif de la SCI (transmission, location, revente…).

Deux options s’offrent à vous, avec des implications très différentes :

Type d’impositionCaractéristiques
Impôt sur le revenu (IR)
  • C’est le régime par défaut.
  • La SCI est dite « transparente » fiscalement : elle ne paie pas d’impôt, ce sont les associés qui déclarent leur quote-part de bénéfices (ou de pertes).
  • Ce régime est avantageux pour un projet familial sans revenus locatifs importants.
Impôt sur les sociétés (IS)
  • Optionnel mais parfois pertinent, surtout pour des projets locatifs importants.
  • La SCI paie l’impôt sur ses bénéfices (taux réduit sur les premiers 42 500 €).
  • Cela permet de déduire les intérêts d’emprunt, les frais, les amortissements… mais les plus-values à la revente sont plus lourdement imposées.

FAQ

Quel est le but d’une SCI familiale ?

L’objectif principal d’une SCI familiale est de faciliter la gestion, la transmission et la conservation d’un patrimoine immobilier au sein d’une même famille. Grâce à cette structure, les biens sont détenus par la société, et non en indivision, ce qui permet d’éviter les blocages fréquents entre héritiers ou membres de la famille. Autrement dit, la SCI régie les relations entre les associés et ainsi la gestion du bien immobilier. Elle permet également d’anticiper la succession, d’optimiser la fiscalité via des donations progressives et de centraliser les décisions de gestion, souvent grâce à un gérant désigné.

Quel est le coût de création d’une SCI familiale chez un notaire ?

Comptez entre 1 000 € et 2 000 € en moyenne, selon la complexité du projet et les prestations réalisées par le notaire (rédaction des statuts, publication, immatriculation). À cela peuvent s’ajouter des frais de greffe, de JAL et d’enregistrement.

Quels sont les impôts à payer pour une SCI familiale ?

Cela dépend du régime choisi :

  • IR : impôt sur les revenus locatifs, payé par les associés.
  • IS : impôt payé par la société (taux réduit possible sur les premiers 42 500 € de bénéfices), puis imposition des dividendes (flat tax de 30%)
    rédactrice
    Julie Barthoulat - Rédactrice

    Rédactrice spécialisée en immobilier, assurance et finance. Je décrypte les évolutions du marché pour rendre ces sujets accessibles à tous. 

    À travers des contenus clairs et pédagogiques, j'accompagne les lecteurs dans leurs décisions financières et immobilières en leur apportant des informations fiables et actualisées.

     

    Karine Dabot
    Karine Dabot - Avocate associée

    Cet article a été relu par Karine Dabot, avocate depuis 1994 au barreau d'Aix-en-Provence.

    Spécialisée en droit bancaire, voies d'exécution et droit des sûretés, elle intervient principalement en contentieux civil et commercial, transactions immobilières et saisie immobilière.

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