Les primo-accédants plus nombreux, mais plus fragiles
Depuis quelques mois, les primo-accédants font leur retour sur le marché de l’immobilier. On constate, en effet, que le nombre de crédits immobiliers destinés à un premier achat a progressé. Mais cette hausse ne doit pas faire oublier que les primo-accédants restent un public fragile, particulièrement sensible à l'évolution des taux d’emprunt et aux changements qui touchent les dispositifs d’aide à l’accession.
L’impact des taux d’emprunt sur les primo-accédants
Dans la grande majorité des cas, les primo-accédants ont recours au crédit immobilier pour concrétiser leur projet d’acquisition. Ils disposent généralement d’une épargne restreinte, de revenus moindres en début de carrière, et n’ont pas (ou peu) de patrimoine. Raisons pour lesquelles leur plan de financement est principalement adossé à un prêt.
Conséquence : ils s’avèrent très sensibles aux évolutions de leur capacité d’emprunt. Celle-ci peut être impactée fortement par la hausse des taux d’intérêt : quelques dixièmes de pourcents d’augmentation se traduisent, en effet, par un alourdissement du coût du crédit immobilier de plusieurs milliers d’euros. Ce surcoût doit souvent être souscrit du capital, donc de la valeur du bien immobilier à acheter.
Les aides pour accéder à la propriété
Le premier achat immobilier concerne surtout de jeunes ménages, qui disposent bien souvent de revenus plus limités que leurs compatriotes plus âgés. Pour eux, les aides sont donc généralement indispensables.
Plusieurs dispositifs existent pour venir en aide aux ménages dans le domaine immobilier, que ce soit pour accéder à la propriété, pour réaliser un investissement (Pinel, Censi-Bouvard, etc.) ou pour réaliser des travaux de rénovation (le Crédit d’impôt pour la transition énergétique). Certains de ces dispositifs sont spécifiquement orientés vers les primo-accédants, le plus connu étant le prêt à taux zéro (PTZ). En 2016, ce sont 120 000 ménages qui en ont bénéficié, soit deux fois plus que l’année précédente, grâce à l’élargissement des critères d’éligibilité.
Or, si l’on se fie aux déclarations du ministre de la Cohésion des territoires, en charge de la question du logement, le PTZ version 2018 devrait être plus restreint, car recentré sur les zones les plus tendues du pays. L’objectif est surtout de faire des économies : en 2016, le PTZ a coûté la bagatelle de 800 millions d’euros.
Reste que l’impact sur les primo-accédants devrait être sans appel : ceux qui ne pourront pas bénéficier du PTZ verront leur projet d’acquisition fortement handicapé. Surtout si les taux d’intérêt, après avoir atteint des plus bas historiques, continuent à augmenter.
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Cet article a été relu par Karine Dabot, avocate depuis 1994 au barreau d'Aix-en-Provence.
Spécialisée en droit bancaire, voies d'exécution et droit des sûretés, elle intervient principalement en contentieux civil et commercial, transactions immobilières et saisie immobilière.