Quel avenir pour AirBNB ?
AirBNB subit de fortes pressions réglementaires qui lui imposent des changements radicaux dans son modèle économique. Après la collecte de la taxe de séjour, le site se voit obligé de déclarer les revenus des propriétaires. Il arrive également qu’AirBNB et ses utilisateurs soient condamnés à payer des amendes consistantes. Pour faire face à ces nouvelles contraintes, AirBNB envisage d’élargir son service à davantage que la location de logements meublés.
La taxe de séjour
Première contrainte réglementaire imposée au site, la collecte de la taxe de séjour s’élargit. Actuellement, AirBNB collecte la taxe de séjour dans environ 200 villes. D’ici 2018, 500 nouvelles villes seront concernées. Cette obligation vise à limiter une certaine concurrence déloyale, dénoncée par le secteur de l’hôtellerie. Avec cet élargissement, près de 90% des destinations proposées par AirBNB seront ainsi concernées par le versement d’une taxe de séjour.
Des amendes record
Barcelone a dressé une amende de 600 000 euros à AirBNB en raison d’un trop grand nombre d’annonces qui ne respectent pas la réglementation en vigueur. D’autres villes sévissent également, mais dressent les amendes aux propriétaires qui louent leurs biens via AirBNB. À New York, les propriétaires qui ne respectent pas la réglementation doivent s'acquitter d’une amende pouvant atteindre 7 500 dollars. Face à ce durcissement, AirBNB n’est plus en position de force. À New York, la plateforme a ainsi annoncé vouloir travailler avec les autorités pour éliminer les annonces illégales, qui représentent pourtant apparemment plus de la moitié des annonces publiées.
La fiscalisation des revenus des propriétaires
L’État cherche de plus en plus à fiscaliser les revenus de l’économie collaborative, qui diminuent aujourd’hui, de fait, les recettes fiscales. Le site AirBNB a été tenu, jusqu’à présent, d’informer les propriétaires de leurs obligations. Mais en 2017, cette obligation va encore plus loin, car le site doit désormais communiquer à l’administration fiscale les revenus de ses utilisateurs. Cela devrait se décliner à la manière des sociétés de placements financiers. Elles transmettent les données relatives aux plus-values, qui se trouvent alors présaisies sur la déclaration de l’impôt sur le revenu.
De nouvelles activités
Face à ces obstacles, AirBNB réfléchit à d’autres services moins contraignants. Le positionnement du site sur le secteur du tourisme reste un ancrage fort. Ainsi, pour se diversifier, AirBNB a démarré une nouvelle activité, intitulée « Trips », qui propose trois services : Expériences, Lieux et Logements. « Expériences » existait déjà, il s’agit de découvrir des activités proposées par les habitants locaux. « Lieux » rassemble des informations géolocalisées telles que des parcours de footing ou des bars. Enfin, « Logements » est tout simplement la fonction originelle du site : la réservation de logements. AirBNB réfléchit à enrichir encore cette activité avec la réservation de vols notamment.
En raison des contraintes qu’elle rencontre, la société AirBNB se voit obligée de faire évoluer son modèle économique. Elle garde pour le moment le fil conducteur du tourisme et du voyage, mais sa diversification lui fait perdre quelque peu son positionnement communautaire et alternatif. AirBNB devient presque un site de voyage en ligne.
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Cet article a été relu par Karine Dabot, avocate depuis 1994 au barreau d'Aix-en-Provence.
Spécialisée en droit bancaire, voies d'exécution et droit des sûretés, elle intervient principalement en contentieux civil et commercial, transactions immobilières et saisie immobilière.